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Gaspillage Alimentaire

Des tonnes de fruits et légumes à la poubelle

1 Novembre 2013 , Rédigé par Pierre Calmeilles lanouvellerepublique.fr Publié dans #GMS

Mi-octobre, le gouvernement a lancé la première journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Que font les grandes surfaces lochoises ?

Vous et moi, nous jetons chaque année 20 kg de nourriture par an. Dont 7 kg encore parfaitement emballés (1). Un gâchis que l'on estime à 400 € par an et par foyer.

Dans la grande distribution, les quantités sont évidemment plus conséquentes qu'à l'échelle d'un ménage. Ainsi, le Super U de Loches produit chaque année 184 tonnes de déchets industriels banals, dont une large part de fruits et légumes. Destination : le centre d'enfouissement de Chanceaux. La grande surface revalorise le reste de ses déchets (carton, plastiques, cintres, aluminium, piles et polystyrène) grâce à une filière interne (2). Un effort louable, mais il ne concerne, en volume, qu'une petite partie des déchets produits par le site de Loches (carton : 20 tonnes/an ; plastique : 6 tonnes/an ; polystyrène 3,5 tonnes/an…).
Fruits et légumes invendus finissent donc, quant à eux, à La Baillaudière. « Quand les fruits et légumes sont abîmés, on ne peut pas les confier à des associations », assure le P-DG du Super U de Loches, Thierry Humeau.

Donnés… à des animaux

En revanche, la grande surface donne des produits alimentaires « secs » à des organismes caritatifs. Et le groupe auquel elle appartient réfléchit à l'option du compostage.
De son côté, le Leclerc de Perrusson (lire également ci-dessous) a opté pour une solution originale. « On ne jette aucun fruit ni aucun légume », souligne Morgan Tredane, responsable qualité du magasin. Ses déchets de fruits et légumes sont récupérés par la réserve zoologique de la Haute Touche et ses 1.000 animaux, à Obterre, dans l'Indre voisine. « À raison de deux voyages par semaine, le volume peut varier à chaque fois entre un coffre de petite voiture et celui d'une bétaillère », explique Sylvie Champion, du parc animalier. Ce sont ses employés qui font le déplacement.« Environ 400 kg par semaine », précise Morgane Trédan.
Fruits et légumes sont triés. Ceux qui sont dans un état médiocre sont donnés aux sangliers, moins regardants. Les plus beaux vont aux animaux plus « délicats ». Réserve et magasin, tout le monde y trouve son compte. « Cela nous fait faire une économie monstre », conclut la représentante du plus vaste parc zoologique de France. Et, côté grande distribution, dans bien des cas, donner s'avère moins coûteux que jeter.

(1) Ce sont des moyennes : chiffres du ministère de l'Agriculture. (2) Les camions qui livrent les produits au Super U ne repartent pas à vide mais récupèrent ces déchets, préalablement triés par des salariés du magasin et préparés en balles. Ils sont acheminés vers Nantes, dans une plateforme de tri et de recyclage appartenant à l'enseigne.

à savoir

> Et sur le marché de Loches ? Que deviennent les fruits et légumes invendus ? Chez le maraîcher Tarnier, on explique « ne pas jeter beaucoup, sauf, évidemment, ce qui est abîmé. Sinon, on reprend tout ce qui est vendable à la fin du marché ».

la question

Les magasins de Loches sont-ils confrontés au glanage ?

Le glanage, c'est le nom donné à la récupération par les populations les plus démunies de denrées alimentaires ayant été jetées par les commerçants. Avec la crise qui s'aggrave, on pourrait penser que le phénomène a pris de l'ampleur. Pourtant, les grandes surfaces lochoises sont unanimes, aussi bien du côté de Leclerc que de Super U, elles n'ont rien constaté de tel. Et pas non plus sur le marché de Loches. Ainsi, chez le maraîcher Tarnier, de Perrusson, présent les mercredis et vendredis, on indique que « les personnes qui viennent parfois récupérer des produits à la fin du marché le font pour leurs animaux ».

repères

> Des freins au don de denrées alimentaires. Il y a une réduction d'impôt égale à 60 % du montant des versements. Mais le flou juridique actuel autour du don de denrées alimentaires démotive les donneurs potentiels qui pensent prendre des risques légaux. Un récent rapport du ministère de l'Écologie prône la mise en place d'une loi clarifiant les responsabilités des personnes souhaitant donner leurs denrées alimentaires et de celles qui les reçoivent.
> Qui est responsable ? Dès lors qu'elle a collecté les produits, l'association prend ces derniers sous son entière responsabilité, jusqu'à leur remise aux bénéficiaires. En cas d'alerte sanitaire, le magasin donneur reste en revanche responsable, même si le produit est déjà parti dans les associations.
> Qu'est-ce qui peut être donné ? Presque tous les produits alimentaires frais surgelés ou secs. Il y a toutefois des produits dits « à risque » qui impliquent des précautions particulières. C'est notamment le cas des coquillages, crustacés et huîtres, produits de poissonneries (hors surgelés), viandes non préemballées et autre produits frais détériorés, abîmés, présentant un aspect anormal. Un guide de bonnes pratiques de l'aide alimentaire du ministère de l'Agriculture recommande de ne pas donner ces produits, mais ne l'interdit pas.
> Questions de dates. Ne peuvent évidemment être donnés aux associations des produits ayant une date limite de consommation (DLC) dépassée À l'inverse, certains produits stérilisés ou présentant une faible teneur en eau comportent une date limite d'utilisation optimale (DLUO). Le dépassement de la DLUO ne rend pas l'aliment dangereux : l'aliment peut donc encore être commercialisé et consommé.

Pierre Calmeilles

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